vendredi 18 mars 2016

Jura, le retour en beauté


Cela faisait longtemps que plusieurs membres du club de Saint-Yrieix me réclamaient une dégustation Jura. Eh bien, ça y est, elle s'est faite mercredi dernier –  comme d'hab' à la Grange du clos de Besse – et tout le monde en est ressorti avec des p'tites étoiles dans les yeux. Non pas qu'ils avaient trop bu. Mais la qualité des vins était au-delà de tout ce qu'ils pouvaient imaginer.


Nous avons démarré avec des petites gougères aux lardons, accompagnées par un Crémant du Jura rosé du domaine Pignier. Pur Pinot noir de saignée, sans ajout de SO2 ni dosage. On est donc sur un Brut Nature, ce qui a plu à certains (c'est net et très rafraîchissant) moins à d'autres (un peu trop abrupt pour leur papilles). Il faut dire qu'au départ, je l'avais servi un peu trop frais, ce qui le durcissait encore plus. Lorsqu'il s'est réchauffé dans les verres, il avait nettement gagné en gourmandise.


Le vin suivant était le seul commun avec la dégustation Jura organisée il y a deux mois à Limoges : c'était le Pinot noir 2014 du domaine Thill.  Il n'était pas très expressif lorsque je l'ai ouvert le matin. Mais le soir, ça allait beaucoup mieux : très framboise/cerise noire/poivre, avec une bouche juteuse et veloutée, bien fraîche. Certains lui ont reproché de retomber un peu trop vite en finale. C'est pas faux, mais ça ne me dérange pas plus que cela. Tant que la gourmandise est là, hein. Et celle-ci était aussi dans l'assiette avec un pâté de tête maison de premier ordre : tendre, goûtu, épicé juste ce qu'il faut. Et il collait nickel avec le vin. Miam !


Puis nous sommes passés à la série de "blancs" qui restera gravée dans la mémoire de beaucoup. Nous avons démarré avec à la Percenette 2013 du domaine Pignier. Même s'il n'est indiqué que Chardonnay sur l'étiquette, on a affaire ici à du Melon à queue rouge, une vieille variété locale. Un cépage qui donne naissance à des petites bombes chez les producteurs ayant la chance d'en posséder (Ganevat, Bornard, la Pinte...). Cela ne rate pas ici : le nez très expressif (fruits à coque, lard fumé, épices) annonce la couleur. La bouche bluffe par son acidité traçante, fine comme un rayon laser, enveloppée d'une matière classieuse, riche sans être jamais lourde, intense aromatiquement sans être vulgaire. Tu ne peux qu'en tomber amoureux. Et pour le coup, la finale ne retombe. C'est long, très long. Bu seul, le plaisir est déjà très élevé. Mais avec la volaille farcie et sa (slurpissime) sauce aux champignon, on tombe dans l'orgasmique tellement le plat et le vin s'accordent. Juste magique.


Nous poursuivons avec le Cellier des Chartreux 2012 évoqué il y a peu sur le blog. C'est un peu un copié/collé du vin précédent, mais puissance 3 ou 4, du fait d'un élevage du Chardonnay trois ans sous voile. Comme je l'avais pressenti, il a plu à une très grande majorité de dégustateurs, alors que mes tentatives précédentes étaient nettement moins convaincantes. Et le mariage avec le comté et la noisette grillée est d'une évidence totale. Comme pour le plat précédent, le plaisir atteint un niveau olympien (alors que pour le coup, le travail en cuisine est minime). 


Cela aurait pu s'arrêter là. Mais non. Le Vieux Macvin de Ganevat a rempli avec maestria son rôle de bouquet final. Ses huit ans en barrique lui ont apporté une complexité, tout en lui enlevant ce "goût de marc" qui peut déranger les non initiés (un côté "plantes médicinales"). Là, ça sent la tarte tartin, le, miel, les épices. La bouche est onctueuse, avec un sucre très bien intégré et une acidité vivifiante. Avec la tarte aux pommes et les noix caramélisées, ce n'est encore que du bonheur. Rien moins que jubilatoire

Bref, après une soirée Roussillon qui fut aussi d'un très haut niveau, on se demande si on va pouvoir longtemps continuer ainsi ? Réponse le mois prochain...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire