lundi 13 février 2017

Vins étrangers : bonne pioche !


Arrivant à la fin de notre stock de Graciano et de Carmenère chilien, nous avons dû refaire une commande. Eric R en a profité pour tester quelques références supplémentaires de vins étrangers. Et ma foi, après avoir testé, il n'y a que des bonnes pioches ! Pour l'instant, les quantités disponibles ne sont pas énormes. On va dire que c'est la phase de test. Mais si nous sommes dévalisés, nous en recommanderons, et puis voilà... 


Verdejo Rueda 2014 (8.00 €)

L'appellation Rueda est située au Nord-Est de l'Espagne, coincée entre Ribeira del Douro et la frontière portugaise. Nous sommes sur un plateau à 700-800 m d'altitude, avec des sols sableux/caillouteux recouvrant un socle argileux. Idéal pour drainer tout en ayant des réserves d'eau en sous-sol. Et des réserves d'eau, il en faut, car il ne tombe que 500-700 mm d'eau par an (essentiellement en hiver), avec des étés très chauds. Par contre, l'altitude engendre des nuits estivales fraîches, ce qui permet aux raisins de ne pas brûler leur acidité. 

C'est le domaine du Marqués de Riscal (Rioja) qui a pressenti dans les années 70 le potentiel du cépage Verdejo. Il a été ensuite suivi par d'autres investisseurs. Aussi, dès 1980, ils ont obtenu l'appellation Rueda DO pour le blanc  (le  rouge et le rosé ont suivi, mais ils ont une importance moindre). La star de l'appellation est Ossian, sans aucun doute l'un des meilleurs blancs d'Espagne.

Celui que nous vous présentons est beaucoup plus modeste : il est produit par la même maison que le Graciano que vous avez plébiscité. Comme ce dernier, le rapport qualité/prix me semble remarquable.

La robe est d'un jaune lumineux.

Le nez est frais, fruité, sur la poire et les fleurs blanches, avec une pointe citronnée. 

La bouche est ronde, ample, avec une matière douce et saline qui enveloppe le palais d'un fin voile minéral. Une (très) fine acidité apporte tension et fraîcheur à l'ensemble. 

La finale est fraîche, nette, finement astringente, se prolongeant sur des notes salines/citronnées. 

Un vin qui peut faire un malheur à l'aveugle, histoire que les dégustateurs ne soient pas influencés.


Traminec 2015 (13.50 €)

Les Traminers, qu'ils soient jurassiens ou alsaciens, font tellement partie du décor que l'on finit par oublier qu'ils viennent de l'Europe de l'Est. Pas étonnant qu'on les retrouve en Slovénie, particulièrement dans une région proche de l'Autriche, berceau de ces cépages. Ici, c'est un Traminec épicé. Un Gewürz-Traminer, donc.

Ce qui est intéressant ici, c'est que l'on est  loin des notes parfois entêtantes de ce cépage. Et que le sucre est très discret. Ce vin pourra accompagner un foie gras mi-cuit ou des plats exotiques, mais conviendra aussi avec un fromage affiné ou une tarte aux fruits. Un peu comme le plombier polonais, le Traminec slovène est multi-tâches.

La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez est fin, profond, sur des notes de rose fanée et de pierre humide, avec une pointe épicée. 

La bouche est tendue/étirée par une fine acidité heureusement enrobée par une matière douce et digeste, sans une once de lourdeur. 

La finale  marie les nobles amers (gentiane/gimgembre) au notes florales épicées, avec une très légère sucrosité qui apporte une ultime touche féminine. 



Le domaine a été créé en 2010 par Santiago Bernasconi, un ancien directeur commercial d'une winery argentine.  L'idée était de mettre en valeur ces terres de Patagonie encore peu exploitées. Il a acheté le lot 006 planté en 1998 et situé à Mainqué dans la vallée du Rio Negro (350 m d'altitude). Ancien lit d'une rivière, les sols sont sablo-limoneux ou sablo-graveleux, engendrant des vins fins. La Patagonie étant au parallèle 39 ° sud (comme la Nouvelle-Zélande) on est loin des vins un peu "bourrins" que l'on trouve trop souvent en Argentine. Depuis, il a racheté 20 autres hectares, dont une bonne partie de vignes issues de massales préphylloxériques.

La robe est grenat sombre translucide aux reflets violacés.

Le nez est fin, fruité, sur la cerise mûre, la framboise fraîche et le poivre blanc.

La bouche est élancée, bâtie sur la tension et la fraîcheur, avec une matière soyeuse qui s'écoule élégamment. Une vraie classe se dégage de cette bouteille, avec un fruit racé, légèrement patiné par l'élevage.

La finale, sans aucune dureté, confirme l'élégance : elle est nette, goûtue, très saline, avec une fine mâche savoureuse. Que du bonheur !



Petite Sirah 2013 (19.00 €)

La Petite Sirah est un cépage français né accidentellement de la rencontre entre la (grande!) Syrah et le Péloursin. Le docteur Durif l'a repéré et multiplié à la fin du XIXème siècle pour sa résistance au Mildiou (c'est pour cela qu'on appelle aussi ce cépage : Durif). On ne peut pas dire que ce fut un grand succès en France. Ce cépage est surtout connu outre-atlantique, que ce soit aux USA ou au Mexique (dont la célèbre La Cetto). 

Ceux qui recherchent les vins riches en polyphénols trouveront ici leur graal : 330 mg/l, soit deux fois plus que le Cabernet Sauvignon. 

La robe est pourpre sombre totalement opaque.  

Le nez intense évoque la crème de fruits noirs (mûre, cerise, prune), le cacao  et les épices douces.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière dense et veloutée  sans rien qui ne dépasse ou n'accroche. À ce niveau de puissance et de concentration, c'est rarissime et montre un sacré savoir-faire. Le fruit noir règne en maître, pas du tout écrasé par le bois. Il y a également une bonne fraîcheur pour un vin californien. On pourrait aimer plus de folie et de complexité. Gageons qu'elles viendront avec le temps (5 ans ?).

La finale cacaotée/saline dévoile un peu plus les tannins sans qu'ils ne se montrent particulièrement durs. Un vin incontestablement civilisé.  

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